[REPORTAGE] Walfer Bicherdeeg : le salon du livre au Luxembourg

Découverte d'un écosystème du livre singulier : celui de notre voisin luxembourgeois, à l'occasion du salon du livre, intitulé "Walfer Bicherdeeg"

Ecosystème du livre
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[REPORTAGE] Walfer Bicherdeeg : le salon du livre au Luxembourg

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1/12/2025
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Entre mémoire et convivialité, les "Walfer Bicherdeeg",ou "jours du livre" dans la commune de Walferdange, au Luxembourg, célèbrent la littérature de ce pays polyglotte, et leurs acteurs et actrices. Découverte d’un événement singulier, ouvert à tous les publics, y compris les plus jeunes, et d’un écosystème particulier. 

Les particularités de l’écosystème du livre luxembourgeois 

Une trentaine de librairies, une trentaine de maisons d’éditions. Un tirage moyen autour de 500 exemplaires : rapide à cerner, cet écosystème ? C’est sans compter sur la petite touche, unique, du paysage de l’édition luxembourgeoise. Pays à la croisée des nationalités, des cultures et des langues, le Luxembourg compte environ 600 000 habitants, et voit 200 000 personnes franchir ses frontières dans un sens et dans l’autre, tous les jours. On y parle quatre langues principales : le luxembourgeois, bien sûr. Mais aussi le français, l’anglais, et l’allemand. 

On les parle, et on les écrit. Il n’est donc pas rare qu’un auteur, parfaitement polyglotte, écrive des romans en français. Des poèmes en luxembourgeois. Ou qu’un même éditeur publie des ouvrages en français. Mais aussi en allemand. Et en luxembourgeois. Ou que certaines maisons ne publient qu’en anglais. Vous y perdez votre latin ? C’est normal ! Dans ce paysage, les maisons d’édition, indépendantes, creusent cependant leur sillon, avec la volonté affirmée de soutenir la création littéraire nationale. Les éditeurs luxembourgeois se distinguent par leur ouverture internationale, leur soutien aux auteurs émergents et leur capacité à innover malgré une taille réduite du marché.

Les librairies, ici, proposent un joyeux mélange de maisons d’éditions et de langues. Un roman de la rentrée littéraire en français, des livres de cuisine en anglais, des livres d’art en allemand, des essais en luxembourgeois, peu importe les langues sources, elles voisinent. Cependant, cette particularité pèse lourd sur l’écosystème. Comment exporter la littérature luxembourgeoise ? Comment répondre aux attentes de lectures, plurielles et très différentes, liées aux langues ?

Les Walfer Bicherdeeg : un événement à part

Les Walfer Bicherdeeg, créés en 1995, sont devenus le plus grand salon du livre du Luxembourg. L’édition 2025 a réunit près de 200 exposants, offrant un mélange unique de livres neufs proposés par les éditeurs, et d’occasion, dans un espace distinct et vendus par des libraires spécialisés.  Le thème « Mémoire » de cette année interroge la relation entre écriture, souvenir et transmission, à travers des rencontres littéraires, des conférences, des lectures, et des animations à destination du jeune public (qui bénéficiait d’un espace entier, dédié au livre jeunesse).

 

Parmi les 200 exposants, maisons d’éditions, auteurs et autrices, institutions et librairies d’occasion, un certain nombre d’éditeurs proposent des titres en français. Par exemple, Capybarabooks, éditions Guy Binsfeld, Hydre, Point Nemo, ou encore Michikusa, pour des genres très différents, des formats très différents et des approches éditoriales très différentes. 

Familiale, la fréquentation était continue tout au long du week-end, et particulièrement dense le dimanche. Mention spéciale au large choix culinaire proposé par les food-trucks ! Si les nourritures de l’esprit restent essentielles sur un salon du livre, il est tout de même plus agréable d’arpenter les allées en ayant bien mangé. Et ici, il y avait le choix, y compris pour les végés. 

Peu, c’est mieux ? 

Si l’écosystème du livre luxembourgeois se distingue par sa taille et sa complexité, les maisons d’éditions veillent à accorder un soin particulier à leurs ouvrages. Tirages réduits, certes, mais généralement étudiés pour produire le moins de retours possibles, avec des formats pensés pour limiter la gâche de papier et une impression nationale. Les conseils aux exposants de ls Walser Bicherdeeg, sur le site même de l’événement, accordent une place importante aux questions écologiques, au cœur des préoccupations des éditeurs rencontrés. Produire peu, par la force des choses, mais produire bien, en tout cas au mieux, est un cap que tient l’édition luxembourgeoise. 

Merci à Kultur LX, Art Council Luxembourg pour son invitation à découvrir l’édition et l’écosystème luxembourgeois.

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