Liste de lecture. Poésie, un nom féminin

Depuis quelques temps, les femmes en ont assez d’être oubliées, reléguées au rang de muses, quand tout va bien. Elles prennent les mots comme d’autres ont pris les armes

Liste de lecture. Poésie, un nom féminin

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27/10/2021
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Depuis quelques temps, les femmes en ont assez d’être oubliées, reléguées au rang de muses, quand tout va bien. Elles prennent les mots comme d’autres ont pris les armes et nombreuses sont les initiatives éditoriales qui rendent à … pas César, justement (encore une expression patriarcale), ce qui lui appartient. Des femmes rendent aux femmes, à leurs soeurs, contemporaines ou classiques, ce qui leur revient. La poésie, genre lui aussi farouchement gardé par les hommes, sort de ses carcans et se conjugue de plus en plus au féminin. 

Lettres aux jeunes poétesses. Collectif. L’instigatrice de ce recueil n’est pas étrangère à l’histoire de Bookalicious : Aurélie Olivier a fait partie des premières à soutenir la démarche du bébé média, à l’époque. Actrice culturelle, elle est (entre autres) programmatrice du festival Littérature Etc à Lille et créatrice du podcast Les Parleuses. Elle sévit désormais dans le domaine éditorial avec ce recueil de poétesses qui s’adressent aux jeunes (ou pas) poétesses. Entre humour, colère, encouragements, observations, les mots invitent à la création, au dépassement des carcans dans une société étouffante et patriarcale, encore et toujours. Sous la plume de ces poétesses guerrières, les mots deviennent des armes, redoutables car invincibles et pacifiques, politiques et énervées. La poésie n’a jamais été aussi vivante ni aussi forte. Editions de l’Arche

Les hirondelles se sont envolées avant nous. Hala Mohammad. Traduction du syrien par Antoine Jockey. Quelle délicatesse, quelle douceur dans ces poèmes ciselés, présentés en version bilingue comme souvent chez cet éditeur qui respecte particulièrement les textes. Quand il ne reste plus rien d’un pays, d’un paysage, que dire ? Que faire d’autre, justement, que trouver des mots, sculpter des poèmes, que montrer à part la beauté, la douceur, la poésie dans son sens le plus noble ? Grande voix de la poésie syrienne, Hala Mohammad ne cède pas à la violence, qui pourrait s’apparenter à une forme de facilité, elle ne dit rien des corps, des bombardements, des alertes, des morts, de l’horreur de la guerre. Elle ne pleure pas, ne fait pas résonner le son des bottes et des armes. Non, elle évoque plutôt l’amour, le chant des oiseaux, les chemins où l’on ne passe plus. Elle use de métaphores raffinées, élégantes et inspirées pour décrire l’exil, elle fait émerger des images d’amour et de tendresse. Poétesse et réalisatrice de documentaires, elle est exilée en France, d’où elle écrit et fait entendre sa voix. Editions Bruno Doucey

Je serai le feu. Anthologie présentée par Diglee. Traduction de Clémentine Beauvais. Je tu elles nous serons le feu, nous simples lectrices ou amatrices de poésie, nous (enfin, surtout elles) poétesses, illustratrices, traductrices, nous serons le feu. Le feu créatif, le feu poétique, le feu politique, brûle plus que jamais dans cette superbe anthologie « sensible et subjective » constituée par l’autrice et illustratrice Diglee (et traduite, pour les poèmes anglophones, par Clémentine Beauvais). Poétesses des 19, 20, 21e siècles, connues ou oubliées, vous voilà sorties des cases dans lesquelles il est encore de bon ton de mettre la poésie, surtout écrite par des femmes. Sorties des cases et remises au goût d'un temps qui n'a que faire de la temporalité humaine. Longue vie à la poésie, longue vie à la sororité que jamais le feu de la création ne cesse de brûler ! Editions La ville brule

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