Liste de lecture. French touch

Entre essai, roman, novella, et jeux graphiques, cette sélection en patchwork rend compte de la diversité éditoriale française. La littérature indépendante se porte bien, et vous transporte d’un genre à l’autre. 

Liste de lecture. French touch

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10/12/2021
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Entre essai, roman, novella, et jeux graphiques, cette sélection en patchwork rend compte de la diversité éditoriale française. La littérature indépendante se porte bien, et vous transporte d’un genre à l’autre. 

Chasseur de monstres médiévaux. Damien Kempf. Quand un historien spécialiste du Moyen-Âge se lâche, ça donne un petit livre drôle et décalé de « memes » d’un style nouveau. En apposant des maximes rigolotes à des images médiévales à la symbolique pas toujours facile à saisir, Damien Kempf donne un coup de jeune à ces dessins approximatifs. Créatures plus moches que démoniaques, personnages bigarrés, humains difformes et autres illustrations bibliques destinées à mettre le croyant moyen en garde contre les méfaits des monstres et tentations deviennent des supports de tendres moqueries. Avec ses maximes, l’auteur fait voisiner esprit internet et illustrations de monstres dans l’art et les manuscrits médiévaux, sa spécialité. Magnifiquement imprimé sur un papier aux délicates allures de parchemin, ce petit guide va vous faire voir les montres d’un autre oeil. Editions Intervalles

Katja. Marion Brunet. Avec une écriture nerveuse et ciblée, précise et efficace, Marion Brunet dessine un huis-clos étouffant et efficace. Qui est réellement cette jeune femme à l’accent allemand qui répond à l’annonce de recherche d’aide à domicile de ce vieux journaliste agonisant d’un cancer du poumon ? Que veut-elle ? Et lui, qui est-il réellement ? Un vieil homme en fin de vie ou un sale type qui n’a pas hésité à compromettre des gens pour la gloire ? Avec un sens de la psychologie particulièrement subtil, l’une de ses caractéristiques, Marion Brunet parvient à installer une ambiance toute de faux-semblants et chausses-trapes sur un temps très court. Novella, Katja se lit vite, comme on fumerait une cigarette, avec la même impatience, mais contient un condensé de thématiques et axes qui en font un texte fort, dérangeant, et intelligent. Editions In8

Apocalypse show, quand l’Amérique s’effondre. Anne-Lise Melquiond. Encore un excellent essai des éditions Playlist Society, qui savent comme personne allier thématiques de fond et forme pop. En s’intéressant à la manière dont les scénarios des séries américaines se sont modifiés après le 11 Septembre, Anne-Lise Melquiond, qui signe ici un premier essai réussi, souligne les mécanismes à l’oeuvre dans l’esprit américain. Zombies, dystopies, robots, aliens et autres menaces pour notre monde civilisé (coucou les virus) ont la vie belle depuis l’effondrement du World Trade Center. Les scénarios à base d’effondrement de la civilisation, de chute des nations, de basculement dans le chaos foulent les tapis rouges et nous abreuvent d’images spectaculaires et sinistres… Or, en dehors du pouvoir cathartique indéniable, qu’essaie de nous dire Hollywood ? Quel est le message implicite auxquels les séries tentent d’habituer nos cerveaux ? Que disent-elles de notre présent ? Et surtout, que disent-elles de l’aveuglement capitaliste devant les menaces qui pèsent sur notre monde à cause de lui ? Quand on dit que la pop culture est bien plus qu’un simple divertissement… Editions Playlist Society

Paternoster. Adrien Girard. Un sujet délicat qu’Adrien Girard s’approprie avec délicatesse. Dur de parvenir à écrire sur le deuil tant la littérature regorge de très bons (ou moins bons) textes sur le sujet, à fortiori d’un parent, ici le père, comme le nom du roman le laisse supposer. Avec ce premier roman, Adrien Girard explore la justesse des sentiments, le curieux travail sélectif de la mémoire et des associations émotionnelles, la difficulté de se situer dans une filiation défaillante, le chantier qu’est la construction de soi. À la fois dur et sincère, ce roman prend des allures de récit, celui d’un ami que l’on écouterait nous raconter l’épreuve qu’il traverse, sans fards ni faux-semblants. On suit le narrateur dans ce cheminement vers la mort du père, plongé dans le coma, sans pathos, sans larmes surfaites, seulement avec une émotion sincère et une identification naturelle. Avant de pleurer son père, c’est l’enfance qui s’éteint, les dernières illusions, pour laisser place à l’inconnu de l’après, la vie d’adulte. Editions Au diable Vauvert

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