Pluriel, incisif et puissant, le premier roman de l'écrivaine Anya Nousri fait souffler un vent d'originalité et de créativité sur le roman d'apprentissage et de construction personnelle.
Non, ce n’est pas une maison d’édition spécialisée dans la débrouille et les alternatives… Quoi que… une maison d’édition indépendante n’est-elle pas forcément un peu adepte des "plans b" et des solutions improvisées ? Créée en 2019 avec le l’objectif de publier "moins de livres, mieux de livres", la maison tient sa parole et défend à l’année des titres qui ne s’inscrivent pas dans les traditionnelles périodes de surcharge de parutions, connues sous le nom de "rentrées littéraires". Fortement orientée vers les plumes des Balkans de l’Ouest, Plan B publie également de la littérature francophone, et différents formats de textes, du tract au récit de voyage. Rencontre avec Jean-François Galletout, au nom du collectif.
Nous sommes éditeurs pour… publier le moins possible et faire vivre nos titres le plus longtemps possible, jusqu’à épuisement (du titre ou de l’éditeur).

Comment êtes-vous devenu éditeur ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer PLAN B éditions ?
Un texte n’est pas une marchandise ou ne devrait pas l’être ; l’écrivain est un artisan et c’est pour défendre des artisans qu’un collectif de 14 professionnels des métiers du livre s’est réuni pour créer PLAN B éditions en 2019. Certains de nos membres sont connus, d’autre non, certains opèrent dans la clandestinité, hahaha.
Comment définiriez-vous la ligne éditoriale de votre maison ? Comment s’est-elle construite ?
Trois ou quatre titres par an au plus : littérature francophone, littérature des Balkans, carnet de voyage (occasionnellement), Tract (poétique, de voyage, etc.)
Pourquoi ce nom, "Plan B" ? Vous aviez un plan A ?
PLAN B, c’est quand le plan A a foiré, non ? C’est à dire avoir toujours une solution de secours, du genre couteau suisse…

On raconte de tout sur les sélections de manuscrits, comment les lisez-vous ? Comment choisissez-vous vos auteurices ?
Nous ne lisons presque pas de manuscrits ! En revanche, nous répondons rapidement et systématiquement non pour la simple raison que nous n’avons pas de place, notre programme est bouclé au moins deux ans à l’avance. Nous répondons rapidement car le travail d’un auteur se respecte – comme tout travail – et ces maisons d’éditions qui vivent sur le dos des auteurs (et pour la plupart ne leur répondent jamais) nous dégoûtent. De notre point de vue, les éditeurs devraient payer les auteurs déjà pour lire leurs textes ! Un auteur qui a travaillé parfois plusieurs années sur un texte mérite qu’on le rétribue (dans la perspective ou pas d’une publication), toute peine mérite salaire. Les auteurs, les créateurs, sont honteusement méprisés par la profession.
Vous publiez peu, avec une volonté manifeste de publier « bien ». Comment avez-vous défini ce rythme éditorial et parvenez-vous à le maintenir ?
« Moins de livres, mieux de livres », oui, c’est la ligne de notre parti ! Nous soutenons nos titres dans la durée. Laisser le temps au texte de trouver sa place dans un monde encombré par une inutile surproduction littéraire, et les tables des libraires sur lesquelles se déversent trois fois par an un tsunami de bouquins qui renverse tout sur son passage – y compris le libraire qui n’en peut plus ! Mais la vague se retire aussi vite qu’elle est arrivée pour laisser place à une autre encore plus dévastatrice. Et il y a beaucoup de morts ! Nous maintenons notre ligne par la seule volonté de notre équipe et notre crédo révolutionnaire, hahaha. Notre motto serait proche de ce qui disait le Che : « Le principe de la guérilla, c’est le mouvement perpétuel ».

Vous publiez des voix venues d’horizons très différents, avec une forte sensibilité européenne de l’Est, pourquoi ce choix ?
Nous sommes concentrés sur les Balkans de l’ouest (pour le moment, Serbie, Croatie, Monténégro) parce que cette littérature nous plait et qu’elle apporte une force vitale qui fait parfois défaut à ce qu’on appelait autrefois l’Europe occidentale, tellement freudienne, championne de l’introspection et de la masturbation intellectuelle…

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ? Qu’est-ce qui vous plait le moins ?
Ce qui nous plait le plus c’est de découvrir un beau texte et la relation avec les auteur-ices et les libraires qui sont formidables, même si pour certains au bord du suicide. Il faut ménager les libraires et arrêter de les épuiser. Ce qui nous plait le moins c’est que dans notre bagarre quotidienne pour survivre et ne pas perdre un pouce de terrain si chèrement conquis face au rouleau compresseur des mastodontes de l’édition, nous ne tirons pas à balles réelles !!!

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