Rencontre avec Jérôme Vincent, éditeur chez ActuSF
En voilà une maison d’édition jeunesse qui a de l’énergie à revendre ! Depuis 2009, Kilowatt apporte un shot d’énergie dans le paysage de l’édition indépendante jeunesse. Avec pour objectif de proposer des livres porteurs de débats, Kilowatt invite les enfants (et leurs parents bienveillants) à questionner le monde pour mieux le comprendre, à l’observer à travers différents prismes, différents vécus, différentes histoires. Anthropologue de formation, la fondatrice et éditrice Galia Tapiero entend bien encourager l’ouverture sur le monde dès le plus jeune âge. Rencontre survoltée.
Je suis éditrice parce que... Le livre est une gourmandise, l’odeur de l’encre, le bruit des pages qui se tourne, le toucher du papier, le bonheur des yeux, sans jamais me soucier de recharger ma batterie ou être connectée. Le plaisir de l’objet qui se donne, s’échange, se prête et se transporte en tous lieux. Quel plus joli métier que de faire des livres pour la jeunesse ?

Comment êtes vous devenue éditrice ?
Un matin, au café, j’ai décidé d’exaucer un rêve vieux de 25 ans.
Pourquoi ce nom « Kilowatt » ?
Pour l’énergie qu’il faut déployer pour monter une maison d’édition.
Comment avez-vous défini la ligne éditoriale de votre maison ?
L’équilibre et la complémentarité entre les mots et les illustrations. Depuis le lancement de Kilowatt, l’album documentaire fait parti de l’ADN de la maison, le plus souvent avec un regard sociétal. Venant de la recherche, de l’anthropologie, je voulais poursuivre, décrypter le monde qui nous entoure, mais cette fois à hauteur d’enfant. Depuis 2009, les collections se sont diversifiées, le catalogue s’est étoffé, les chemins pour découvrir le monde qui nous entoure sont nombreux et variés. Désormais, Kilowatt publie aussi des albums, des courts romans illustrés, des romans graphiques et autres livres hybrides.
On raconte de tout sur les sélections de manuscrits, comment les lisez-vous ? Comment choisissez-vous vos auteur·rice·s et illustrateur·rice·s ?
Je lis tout ce que je reçois même si je ne réponds pas souvent, faute de temps. Nous recevons énormément de projets. J’en sollicite aussi, je fais de la veille sur les réseaux sociaux, je flâne dans les librairies, les salons. Au final, 10 livres publiés chaque année, c’est peu. Et puis il y a les auteurices, les illustrateurs.trices avec lesquels.lles j’aime collaborer au fil des années, avec qui je grandis au fil des livres comme Karine Maincent ou Arnaud Nebbache.

Comment choisissez-vous vos traducteur·rice·s ?
Mon expérience est restreinte : 130 livres au catalogue, un achat, un album coréen : Les ours sont là ! Il ne faut pas se fier au titre, on est loin des ours en peluche. Et dans ce cas précis, après avoir fait le tour des collègues, je me suis adressée à l’ATLF.

Quelles sont les particularités de l’édition jeunesse ? En terme d’exigence de contenu, de messages à transmettre…
LA particularité : les mots alliés à l’illustration, la couleur, la fantaisie, la poésie ! Susciter l’intérêt, la curiosité, rapidement ! Les enfants ne trichent pas, ne font pas semblant. Le livre est une fantastique proposition d’évasion, de rêve, d’émotions, un espace de liberté. C’est aussi un moyen d’apprentissage, de découverte, d’étonnement. C’est un chemin qui permet de se découvrir, soi et découvrir l’autre. Et lorsqu’on adopte les livres dès le plus jeune âge, on ne s’en sépare plus. Pour moi c’est une responsabilité. Alors, raconter le monde d’aujourd’hui , proposer de découvrir des cultures, de la diversité, les possibilités de vivre ensemble est un véritable défi et un immense plaisir.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ?
Découvrir un nouveau projet. Découvrir les illustration, l’interprétation d’un texte. Les rencontres, les échanges, la collaboration avec les auteurices, les illustrateurices, la maquettiste (Morgane), la relectrice (Christelle), les imprimeurs et tous les fils qui se tissent pour que le livre arrive dans les mains des lecteurs.trices. Ce qui a rapidement réveillé mon envie de collectif et m’a mené à lancer l’EDIF, l’association de l’édition indépendante en Île-de-France, il y a deux ans.

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