[INTERVIEW] Les nouvelles éditions ActuSF

Spécialisée dans les littératures de l’imaginaire, la maison d’édition indépendante ActuSF est née, en 2003 avec l’objectif de mettre l’accent sur la nouvelle et novella. Après mille et mille péripéties, différentes collections, collectifs, prix littéraires et centaines de titres publiés, la maison frôle la disparition pour finalement revenir à la vie grâce à une nouvelle acquisition. Forte d’un catalogue éclectique, entre poids lourds des genres de l’imaginaire et tremplins pour de nouvelles plumes, les nouvelles éditions ActuSF poursuivent leur déploiement, sans jamais cesser de valoriser la forme courte et les voix plus confidentielles de l’imaginaire. rencontre avec Jérôme Vincent, leur directeur général. 

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Je suis Editeur... parce que je suis tombé dans l'imaginaire adolescent, et que découvrir des textes et les partager est une immense joie. Chaque livre est un clin d’œil au jeune homme que j'étais. 

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Comment êtes vous devenu éditeur ? 

Je suis devenu forgeron en forgeant ! D'une bande de copains fabricants un fanzine sur l'imaginaire dans les années 90, puis un site internet (www.actusf.com), nous sommes peu à peu devenus une maison d'édition en publiant d'abord les jeunes auteurs et autrices qui remportaient le concours de nouvelles que l'on organisait. Puis petit à petit, nous avons publié des recueils et des romans. Et progressivement la structure s'est professionnalisée. 

Vous avez repris la maison ActuSF en 2023, pouvez-vous nous raconter pourquoi ? Et comment se passe la « nouvelle vie » de la maison ? 

Après moult déboires, nous avons dû déposer le bilan en septembre 2023. Rapidement plusieurs repreneurs se sont présentés et la justice a choisi l'offre du groupe Pollen associé au groupe éditorial Salomon. Ils m'ont proposé tout de suite de faire partir de l'aventure en tant que directeur éditorial. Et après de nombreux échanges, j'ai embarqué avec eux parce que l'on partage la même vision de l'édition, de ce métier formidable de passeur de textes. 

Cela fait un an maintenant que les livres sont publiés par Les Nouvelles éditions Actusf et je suis ravi de l'accueil des libraires et des lecteurs et des lectrices. C'est très positif. 

On raconte de tout sur les sélections de manuscrits, comment les lisez-vous ? Comment choissez-vous vos nouvelles plumes ? 

Les propositions arrivent dans notre boite mail dédié. On essaie de suivre avec l'équipe les manuscrits qui arrivent. Et ce n'est pas toujours simple. Pour l'appel à texte sur les novellas, nous avons reçu 240 propositions !
Plusieurs critères rentrent en ligne de compte : est-ce que l'histoire est originale, est-ce qu'elle nous plait, est-ce qu'elle correspond à ce qu'on a envie de défendre, est-ce que le style nous séduit... Il y a des lignes très objectives (orthographe, grammaire etc), et in fine il y a l'affinité que celui ou celle qui lit le manuscrit peut ressentir avec le texte. 

L’imaginaire a le vent en poupe, comment parvenez-vous à conserver votre singularité tout en vous adaptant aux attentes ? 

Disons qu’un certain type d’imaginaire a le vent en poupe. Je pense à la Romantasy notamment. Pour le reste de l’imaginaire, les contraintes de marché sont les mêmes que pour la littérature en général. De mon côté, j’essaie de travailler sur deux lignes : trouver des textes qui donnent des émotions aux lecteurs et lectrices, et proposer des essais qui réfléchissent à l’imaginaire et au monde, parce que je crois que notre littérature a beaucoup de chose à dire sur notre présent et notre passé. 

Vous éditez, entre autres, des nouvelles avec une collection dédiée. Pourquoi ce choix, quels sont les retours des lecteur·rice·s ? 

En tant que lecteur, j’ai toujours adoré les nouvelles et j’ai le plaisir tous les ans de publier une ou plusieurs anthologies et recueils (notamment l’anthologie des Utopiales). L’idée est venue il y a quelques temps de faire une collection numérique dédiée, Le Club de la nouvelle, afin de les mettre en valeur et donner à chacun et chacune l’occasion de picorer. Ce club est en pause mais je compte bien le relancer prochainement. 

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‍Vous proposez également des appels à textes, est-ce pour vous un moyen de rester en prise directe avec la création contemporaine ? 

Un des grands bonheurs de nos métiers, c’est de découvrir de nouvelles plumes. C’est tout le sens des appels à textes. Je suis toujours étonné du dynamisme des auteurs et autrices qui nous envoient leurs manuscrits. C’est plein d’énergie ! 

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Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ? 

Construire. Construire la sortie d’un livre, de la découverte du texte à son arrivée en libraire, en passant par le travail éditorial ou la promotion auprès du lectorat, des journalistes, des libraires ou des salons. Construire un programme sur l’année, l’équilibrer en fonction des sorties, cogiter à quoi publier à quel moment. Construire la maison d’édition, ses nouveautés, son fond, ses lignes, ses thématiques… Construire est la clef. 

Quels sont les titres que vous préférez chez vous ? 

Impossible, vraiment, de vous répondre. En fait tous nos titres ont une raison d’être. Derrière chacun il y a un choix, il y a une histoire, et il y a un lien avec son auteur ou son autrice. C’est un bonheur de travailler avec eux. Je peux défendre chaque titre. Difficile pour moi de dire quels sont mes préférés. Ils le sont tous. 

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