[INTERVIEW] Les éditions des Flammes Noires

Rencontre avec un éditeur indépendant spécialisé dans les livres sur le metal : Flammes Noires !

Ecosystème du livre
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[INTERVIEW] Les éditions des Flammes Noires

Date
3/9/2025
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666 minutes
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Biographies de groupes, livres d’art, récits consacrés à des scènes spécifiques : le metal se décline dans les pages des livres publiés par cette maison d’édition indépendante, principalement visible sur les festivals et à travers son site internet. Flammes Noires, c’est avant tout Emilien Nohaïc, prof de formation, éditeur (et traducteur) par passion. Avec un catalogue spécialisé dans le metal et le metal extrême (oui, il y a une nuance, si vous avez quelques heures de libres, demandez une conférence), Flammes Noires propose une bonne vingtaine de titres, destinés tant aux spécialistes qu’aux néophytes. Rencontre au milieu des flammes. 

Je suis Editeur parce que... j’avais envie de publier des livres en français sur une musique qui me passionne depuis de nombreuses années : le metal et le metal extrême. 


© Daphnée Doto

Comment êtes vous devenu éditeur ? 

C’est venu suite à une série de circonstances ! J’avais commencé avec des traductions de livres sur le metal pour Camion Blanc en 2016, en parallèle de mon travail de prof d’anglais, et je voyais de plus en plus de projets qui m’intéressaient être publiés en anglais. Camion Blanc avait déjà assez de projets en cours et n’était pas intéressé par racheter de nouveaux droits pour de nouvelles publications dans l’immédiat… J’ai regardé un peu chez les autres éditeurs, mais ça ne correspondait pas vraiment à leur ligne éditoriale. En 2019, j’en ai eu un peu assez de l’Education Nationale et j’ai profité d’avoir plusieurs années de chômage pour construire ce qui deviendra assez rapidement les Editions des Flammes Noires ! 

Comment avez-vous défini la ligne éditoriale de votre maison ?

C’est une maison d’édition spécialisée dans la musique metal, j’ai regardé ce que j’aimais et aimais moins chez les éditeurs qui publiaient ce genre de livres pour m’aider à mieux définir mes attentes. Finalement, en tant que fan de cette musique, je voulais des livres qui rendent un bel hommage aux groupes et à cette culture, avec de belles illustrations, des textes agréables à lire… Bref, du beau livre qui donne envie de se plonger dedans ! Les choses se sont faites au fur et à mesure, mais les dernières publications sont vraiment une réussite ! 

Comment choisissez-vous les textes à publier, qu’il s’agisse de créations ou de traductions ? 

Pour les traductions, tout va dépendre du sujet et de comment il est traité et bien sûr des droits demandés pour une publication en français. Certains projets étaient trop chers pour la portée estimée, du coup, ça n’en valait pas la peine. Pour les projets écrits par des auteurs francophones, c’est avant-tout le sérieux qui importe, la bonne connaissance du sujet, comment il est amené, ce que l’auteur apporte ! En général, quand un passionné commence à écrire sur quelque chose qui occupe une bonne part de sa vie, le plus difficile est de savoir mettre des limites. Mon rôle est d’accompagner au maximum, de suggérer des reformulations ou de développer certains aspects, etc. Comme ce ne sont pas des œuvres de fiction, les auteurs sont généralement contents d’échanger, mais il est arrivé qu’un point leur tenait vraiment à coeur, et dans ce cas, je n’y touche pas. Il faut qu’ils soient fiers de leur travail, qu’ils en soient pleinement satisfaits. 

Comment se déroule l’achat d’un livre étranger, le choix du traducteur ? 

Il n’y a pas de grande place pour l’art ! C’est vraiment de la négociation de business. Il faut déjà trouver qui a les droits sur le texte, ce ne sont pas souvent les groupes ou les auteurs. Ça peut être une agence de gestion de droits d’auteur, un label de musique, une autre maison d’édition… On négocie ensuite le pourcentage sur chaque vente, l’avance sur les ventes, les délais,  etc. Certains ont des demandes très précises, comme le type de papier à utiliser, le format du livre, le traducteur à avoir… ça ne me dérange pas du tout, si ça permet à tout le monde de travailler en confiance et de s’assurer que le résultat est à la hauteur de leurs attentes, c’est vraiment tout ce qui compte ! 

Vous éditez surtout de l’essai, du livre de groupe, un peu d’art, et peu de littérature, pourquoi ce choix ? 

Je ne publie pas de fiction, mais ça ne m’empêche pas de travailler avec des auteurs indépendants comme Saad Jones ou de petits éditeurs, comme le Blouson Noir ou Osméosis, le dernier en date. En fait, mon choix de départ était simple : les groupes ont déjà une base de fans, c’est beaucoup plus simple de communiquer sur quelque qui est connu de tous ou presque, que de faire la promotion d’une œuvre de fiction, d’un imaginaire qui va d’abord s’adresser à des lecteurs et moins à des amateurs de cette musique. En fait, le truc est là, je m’adresse moins à des lecteurs qu’à des passionnés de musique metal.  

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ?

Ce qui me plaît ? Travailler le livre, évidemment mais aussi pouvoir travailler avec des groupes que j’écoute depuis… 20 ans ou plus pour certains ! Passer de l’autre côté de la barrière et pouvoir discuter avec eux de ce qu’ils attendent, de ce qu’ils veulent. C’est quelque chose de vraiment extra d’avoir leur retour, de voir qu’ils sont vraiment contents du résultat. Les retours des lecteurs aussi sont essentiels, ça permet de progresser et de corriger les écueils des premiers ouvrages. 

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