Rencontre avec Odile Flament, la fondatrice toc toc toc des éditions jeunesse Cot Cot Cot
400 titres pour cette collection, gérée par la maison d’édition les Impressions Nouvelles, qui met à l’honneur les écrivain·ne·s francophones de Belgique dans un format poche élégant. Fondée en 1983, Espace Nord a pour mission de faire découvrir la richesse de la littérature belge au plus grand nombre. Animée par une volonté éducative forte, la collection propose des dispositifs pédagogiques particuliers destinés aux enseignants. Maÿlee Dorane, responsable éditoriale, dévoile les secrets de cette collection inédite.
Je suis éditrice parce que... le processus de création d’un livre m’a toujours passionnée
Comment êtes-vous devenue éditrice ?
Pendant ma dernière année de Master, revenant de la Foire du Livre de Bruxelles, j’ai rencontré mon professeur d’Aspects de l’édition numérique, Tanguy Habrand, sur le quai de la gare de Bruxelles-Nord, alors que nous attendions tous les deux le train pour Liège. Nous avons commencé à discuter de manière informelle, étant donné que nous n’étions plus dans le cadre du cours, et je lui ai appris que je travaillais (à l’époque) en tant qu’étudiante aux Archives et Musée de la Littérature à Bruxelles. Ce fut l’élément déclencheur de mon embauche : en effet, deux mois plus tard, il me contactait pour me proposer de travailler en tant qu’Assistante éditoriale de la Collection Espace Nord. Par la suite, des changements dans l’équipe ont fait que je suis devenue la Responsable éditoriale de la collection.
Quelles sont les grandes lignes de l’histoire de cette maison, emblématique dans le paysage belge francophone ?
Avant les années 1980, la littérature belge restait méconnue et dénigrée, peu ou pas étudiée dans les classes de français. Le Festival Europalia en 1980 a permis de mettre en lumière des auteurs belges et de prendre conscience du besoin d’une collection qui les rassemble, tout en les rendant accessibles au grand public. C’est ainsi que la collection a été créée en 1983, éditée par Labor. Elle a ensuite été reprise par Luc Pire en 2007 et la Renaissance du Livre en 2010 avant d’être rachetée en 2011 par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui en a délégué la gestion aux Impressions Nouvelles par marché public.
Comment choisissez-vous les manuscrits qui vont rejoindre les rangs de la maison ?
C’est le comité éditorial qui choisit les prochaines sorties lors des réunions trimestrielles : nous sortons chaque année douze titres, dont au moins six sont des nouveautés. Les autres sont des rééditions d’anciens titres de la collection, dont on recompose la maquette et la couverture. Parfois, des auteurs nous proposent de rééditer leur livre, parfois nous organisons une parution à l’occasion d’un anniversaire (comme le Magritte commenté par ses amis pour les cent ans du surréalisme). Chaque titre de la collection Espace Nord a déjà eu une première vie dans une autre maison d’édition.
Vous mettez en avant un axe pédagogique fort, pourquoi ce choix ? Comment le travaillez-vous ?
À sa création, l’une des ambitions de la collection était de toucher un large public, et le biais de l’enseignement est apparu idéal pour la faire connaître. À l’époque, la littérature belge n’était presque plus étudiée dans les classes de français, et aujourd’hui encore, elle reste secondaire par rapport à la littérature française. Pour faciliter son enseignement, les dossiers et carnets pédagogiques rendent accessibles les textes de la collection grâce à une biographie de l’auteur ou de l’autrice, un contexte de rédaction, un contexte de parution, un résumé de l’ouvrage, une analyse des thèmes et de l’écriture, mais surtout des questions en lien avec les différentes unités d’acquis d’apprentissage (UAA). Nous publions huit dossiers pédagogiques par an, qui sont tous téléchargeables gratuitement depuis le site internet Espace Nord. Chaque dossier ou carnet permet de découvrir des concepts, des courants, des genres littéraires via l’étude d’œuvres exclusivement belges.
Quelles sont les démarches éditoriales qui vous inspirent ?
J’apprécie particulièrement les maisons d’édition qui privilégient les œuvres originales d’artiste pour illustrer les couvertures de leur livre.