[INTERVIEW] Constance Debré : "J’ai toujours trouvé infiniment sexy d’avoir des ennemis"

Interviews
Interviews
[INTERVIEW] Constance Debré : "J’ai toujours trouvé infiniment sexy d’avoir des ennemis"

Date
20/4/2018
Lecture
Partage
Tags
No items found.

Après la chronique, l'interview. Quelques questions à Constance Debré pour revenir sur l'univers de l'écrivain derrière Play Boy, sa façon de regarder le monde et de considérer l'écriture. Toujours avec ce rythme nerveux, vivant et cash, elle nous répond.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ? J’ai écrit Play Boy par goût du pouvoir et du plaisir qu’il procure. Ecrire est un coup d’état, l’affirmation d’une autorité sans justification ni explication et qui se fout d’être légitime. C’est comme dans l’amour, quand on se penche et qu’on prend.Play Boy suscite des réactions, positives et négatives assez vives, qu’en pensez-vous ? Je ne m’attendais pas à ce que ce livre puisse plaire à des lecteurs si nombreux ni si différents, ni que la critique soit globalement si favorable. Quant aux critiques négatives elles m’ont rassurée, c’est important de déplaire et j’ai toujours trouvé infiniment sexy d’avoir des ennemis. Quels sont les écrivains qui vous inspirent ? Ceux qui mettent leur peau sur la table, ceux qui savent qu’on n’est pas là pour rigoler, ou alors très fort, qu’on n’est pas là pour raconter des histoires, pour faire joli, ceux qui n’ont peur de rien, et qui sont prêt à crever pour essayer de dire ce qu’on arrive jamais à dire. Je suis affamée de pulsion vitale, je me nourris de celles autres, de leurs colères, de leurs obsessions, de leurs chagrins de leurs élans, je suis affamée de tout ce qui déborde, de tout ce qui est vrai, de tout ce qui ne s’excuse pas d’exister. L’inspiration vient de mes contemporains, de ceux qui parle de l’existence ici et maintenant, dans le détail, dans la précision, et qui chacun à leur manière ont tout résolu par un style (puisque c’est en fait la seule question) parfaitement singulier et parfaitement moderne, c’est-à-dire beau sans être joli, et toujours simple (à l’époque où tout le monde porte des jeans on ne peut pas écrire comme au temps des corsets, des chiffons, des froufrous) : Dustan, Angot, Despentes, par exemple. Pourquoi autant de temps entre votre premier roman Un peu là beaucoup ailleurs et Play Boy ?Entre les deux, j’ai beaucoup plaidé, et plaidé c’est parler, autrement. Et tout à coup ce pouvoir là on veut en faire autre chose, quelque chose de plus radical, alors on laisse tout tomber et on n’en plus rien à foutre de rien et on se met à vivre avec son ordinateur, comme un taré, et on sait qu’on a raison, que c’est la chose la plus importante qui soit.

Par ici, retrouvez la chronique de Play boy

Articles récents

[INTERVIEW] Aurélien Fouillet : "Les jeux sont des fabriques de mondes"

Le jeu est-il un autre ? Que dit le jeu, de société ou vidéo, de notre rapport au monde, à nous-même, aux autres ? En quoi le jeu est-il proche de la littérature ? Pistes de réponses avec le sociologue (entre autres) Aurélien Fouillet.

[INTERVIEW] Nadège Agullo : "Nous recherchons des textes immersifs"

Surveillance des prix littéraires européens, EUPL (Prix de Littérature de l'Union Européenne), échanges avec les maisons d'éditions étrangères, écoute des traducteur·rice·s qui proposent des titres... Comment une maison d'édition, spécialisée dans la littérature européenne, procède-t-elle pour aller à la rencontre des titres qui viendront enrichir son catalogue ? Eléments de réponse avec Nadège Agullo, fondatrice de la maison éponyme.

[INTERVIEW] Éditions Les Fondations de l'Imaginaire

Entamé avec la rencontre de la Loutre Rôliste, le cycle d’interviews autour du jeu de rôle se poursuit aujourd’hui avec un éditeur spécialisé dans le jeu de rôle solo : les Fondations de l’Imaginaire, porté par Jérôme Mioso.